Avec 218 matchs au compteur et 48 essais, l’ailier de poche est un grand bonhomme du rugby aixois et au-delà. Il a passé onze saisons au PARC puis à Provence. Un record.
Il se définit lui-même comme « atypique et instinctif ». On peut ajouter imprévisible, malin et surtout vaillant. Vaillant, c’est ce qui compte le plus dans le lexique voire la déontologie du rugby. Avec son mètre 74 et ses plus ou moins 70 kilos, l’ailier de poche du PARC puis de Provence rugby apprécie les espaces bien sûr mais aussi le combat dans toute sa dimension, la défense dans toute sa ferveur, et plus que tout encore, partager l’intimité des « gros » dans les rucks. Un héritage du rugby à 7 dans lequel il s’est épanoui et fait un nom à travers le monde pendant deux saisons avec l’équipe de France, jusqu’à décrocher le titre de vice-champion d’Europe en 2007. L’année suivante, il enfilait le maillot noir.
Né à Toulouse, Eddy a chaussé ses premiers crampons au Boucau, l’un des grands clubs formateurs du Pays basque qui a vu émerger les internationaux Christian Belascain et Jean Condom notamment. Il intègre les espoirs de l’Aviron Bayonnais et y peaufine ses facultés naturelles d’appuis et de crochets qui font penser à celles de Gabin Villière dans l’équipe de France d’aujourd’hui, lui aussi issu du rugby à 7. C’est avec ce bagage complet qu’il débarque à Aix en 2008 pour aider le club à monter de division. Il n’en est plus jamais parti.
En onze saisons, Eddy a disputé 218 matchs et planté 48 essais, inscrivant pour très longtemps son nom au fronton du « All of fame » aixois. Sa meilleure saison ? « La remontée en ProD2 en 2015 avec Christian Labit comme entraîneur, l’homme qui m’a le plus marqué sur et en dehors des terrains. C’est quelqu’un qui est devenu très important dans ma vie. Tout comme l’était Christophe Dominici trop tôt disparu, un ami, le joueur qui m’a le plus inspiré ».
« Ce club a fait du chemin »
Eddy a donc tout connu à Aix, l’effervescence des montées et le yo-yo des descentes, l’évolution du club aussi dans le monde professionnel. « J’ai joué des matchs devant 150 personnes à Maurice David. Aujourd’hui devant 8 000 spectateurs. Ce club a fait du chemin. Mais les 150 du début sont toujours là. C’est bien l’illustration qu’il y a un esprit aixois et une âme dans ce club, alors que beaucoup disent qu’Aix n’est pas une terre de rugby. Elle en est une. Les présidents Lucien Simon et Denis Philippon l’ont fait naître et grandir ».
Ce chemin-là, Eddy a participé à le baliser. Convoité un temps par Bordeaux et La Rochelle, deux pensionnaires de ProD2 à l’époque devenus deux des écuries majeures du Top 14 aujourd’hui, il resta finalement à Aix. « Ici, c’est chez moi ». Et les amateurs de rugby le lui rendent bien. Lorsque Provence a célébré les 50 ans du club créé en 1970, il est arrivé en tête des ailiers les plus fameux avec un plébiscite à 60%.
Aujourd’hui retraité du rugby, le basque bondissant (le surnom du joueur de tennis Jean Borotra qu’il pourrait partager aussi) multiplie les activités : création d’une carte d’abonnement « privilège » pour les rencontres sportives, création d’une Académie de rugby, cogérance d’une société de merchandising avec 3 associés dont Gaël Fickou, le trois-quart centre de l’actuelle équipe de France ,… « Au rugby, ma vision du jeu m’a beaucoup aidé, j’essayais de voir les espaces et de m’y voir dedans. Dans ma vie aujourd’hui, c’est pareil ». Pendant la Coupe du monde, il mettra un crochet extérieur direction Marseille et les plages du Prado pour transformer le « Mama Beach », avec la validation de World rugby, en bodega ovale. Suerte…
Son prono pour la finale de la Coupe du monde
France vs Nouvelle Zélande 31-22