Originaire de Digne, ex 3ème ligne du RCD, Jean-Louis Desbats est installé en Nouvelle-Zélande depuis 25 ans. L’officier de liaison de l’équipe de Te Awamutu, l’équipe néo-zed engagée dans le Mondial amateur, nous raconte son rêve devenu réalité au pays du long nuage blanc.
L’Anglais, c’est déjà un brin compliqué quand on le pratique peu. Mais l’Anglais par un Néo-zélandais, c’est pire que certaines conversations avec des ch’ti chez nous, ça vous laisse littéralement sans voix. Merci donc à Jean-Louis Desbats d’avoir accompagné notre sujet avec Latrell, le demi d’ouverture de l’équipe néo-zed de Te Awamutu. Et pour nous avoir raconté lui aussi son histoire folle, en tout cas rare, avec le rugby. Celle des types qui vont jusqu’au bout de leurs rêves. Et le bout pour Jean-Louis, c’était à 18 744 kilomètres de chez lui. La distance annoncée par ViaMichelin entre Digne les Bains et Auckland où il atterrit à l’âge de trente ans. « Sans savoir vraiment ce que j’allais faire, sans parler anglais, sans boulot ».
Il atterrit finalement avec son paquetage à Opotiki matawhiti, une ville située à l’Est de la baie de Plenty, dans l’ile du Nord. Il n’en est plus jamais parti. Jean-Louis y fait toujours sa vie, avec sa femme, une Française rencontrée là-bas, ses enfants et aujourd’hui ses petits-enfants. Il y a accompli son rêve de départ : jouer quatre saisons puis entraîner l’équipe de rugby et l’équipe du collège d’Opotiki (notre école de rugby à nous) qu’il a amenée au titre de champion de la province. Et ses joueurs (ce n’est pas lui qui nous l’a raconté, trop d’humilité) lui ont, à l’époque, remis le diplôme d’honneur de l’institution. Une première pour un Frenchy. Pas un Graal, mais pas loin.
Le pèlerinage aux sources
«Quand je suis parti, je voulais surtout comprendre, comprendre pourquoi ce pays du bout du monde avait autant de place dans le rugby, comment les gens là-bas le vivaient, pourquoi la Nouvelle-Zélande avait ce pouvoir fou d’attraction ». Né et formé au RCD Digne, ce troisième ligne rugueux y jouait en famille, avec son père (pilier), ses deux frères, dont Frédérick, l’assistant de Stéphane Niego, l’entraîneur du RCD dans le Mondial amateur. Sa maman, elle, s’occupait des petits de l’école de rugby. Une vie programmée.
« A trente ans, j’avais fait le tour, j’avais une carrière honorable, des potes pour toujours, un métier, ma famille. Mais j’avais un vrai besoin d’ailleurs et surtout l’irrésistible envie d’aller voir en Nouvelle-zélande si cette culture rugby que l’on imaginait, et que l’on voyait à la télé, était si parfaite. Aller là-bas, c’était comme une quête spirituelle». La magie a opéré pour Jean-Louis. Suffisamment pour n’avoir plus aujourd’hui qu’un seul passeport, celui d’un citoyen néo-zélandais ordinaire.
Officier de liaison pour l’équipe de Te Awamutu dans ce Mondial amateur, Jean-Louis savoure le fait de « participer à ce que les gens découvrent au plus près cette culture néo-zélandaise, c’est une manière pour moi aussi de transmettre. De rendre un peu ce qu’ils m’ont donné. » Et ça, c’est très rugby. Jean-Louis prendra l’avion du retour le 3 octobre pour rouvrir son food-truck à Opotiki et servir ses pizzas « provençales ». Un long voyage comme celui qu’il avait fait pour le rugby il y a 25 ans. Mais à l’envers. Il rentrera chez lui.