En match de classement, en ouverture de la fête du Mondial amateur de rugby à Digne, la France s’offre l’Angleterre et laisse au club de Rugby, qui a quand même inventé notre sport, une ardoise de 38 points…
Quatrième frère d’une génération de morfales avec qui il ne fallait ni se retrouver à table du côté de Castelnaudary, ni bec-à-bec dans une mêlée ouverte, Claude Spanghero n’est pas à proprement parler un poète. Il eut pourtant ce mot fulgurant inscrit aujourd’hui encore dans le grand livre des citations rugbistiques : « Les Anglais ont inventé le rugby, les autres l’ont bien amélioré ».
Il fait référence au french-flair né à cette époque-là, à la charnière des années 60 et 70, autour des Jo Maso et Pierre Villepreux, deux élégants du jeu.
Ce samedi, l’équipe de France amateur a pris la formule au pied de la lettre, et plus encore, en ouverture de la journée de finales et de classements à Digne, face à la formation anglaise de Rugby, les sources originelles de notre sport pourtant, une équipe qui portait là l’héritage visiblement trop lourd de l’acte officiel de naissance de notre jeu, quand William Webb Ellis, vous connaissez tous l’histoire, a ramassé un ballon à la main dans un match de football académique, et s’offrit la première percée plein champ de l’histoire jusqu’à la ligne du but adverse.
A 9 heures hier matin, l’heure où d’ordinaire il ne fait pas bon réveiller un rugbyman qui participe à un tournoi mondial fraternel, la France a passé ses nerfs et dévoilé ses ambitions comme si elle s’offrait un remake de la Guerre de cent ans.
« On a fait tourner l’effectif pour que tous les mecs du groupe aient du temps de jeu et qu’ils participent à cette fête si riche en émotions, c’était majeur pour nous », commente le centre et capitaine français Nicolas Limouzy. Lui avait confié son brassard à un coéquipier. Pour l’exemple. Responsabilité assumée : 38- 14 au final. Cinq essais dans la musette et un autre, de pénalité, en prime, face à un XV de la Rose bien pâle et sans épine, trop lourd sur la balance pour résister à l’appel du large et aux chevauchées ardentes de Français déchaînés et bien en place sur ce match.