Le talonneur du XV de France, qui séjourne actuellement à Aix-en-Provence, a donné le coup d’envoi du Mondial amateur hier à Digne-les-Bains. Rencontre. Et interview.
Il est venu en voisin. Le XV de France séjournant actuellement à Aix-en-Provence pour trois semaines, le talonneur Pierre Bourgarit, double champion d’Europe avec la Rochelle, n’a pas hésité à faire la route jusqu’à Digne hier pour donner le coup d’envoi de la finale du Mondial amateur, dans l’ambiance de dingue façonnée par l’organisation et servie par 5000 spectateurs survoltés.
Pierre Bourgarit, 26 ans depuis le 12 septembre dernier, c’est 14 sélections en Bleu et un cœur gros comme le Ritz, Originaire et formé à Gimont, il fait surtout partie du « gang du Gers », avec trois autres cadres majeurs du XV de France, tous passés par le sanctuaire d’Auch. On ne vous donnera que les prénoms, Anthony, Antoine et Grégory.
Vous voyez qui ? Ce sont les Rapetout des espaces et des rucks, les Armageddon du plaquage pour certains, les Dalton mais finalement plutôt Lucky puisqu’ils sont, tous les quatre, à haute performance, au summum du rugby mondial. Faites vous coffrer par Antho et Pierrot, et Toto et Greg vous fauche ce butin de ballon en deux temps trois mouvements pour aller l’enterrer dans l’en-but adverse. Sans risque qui plus est, de se faire attraper par la patrouille puisqu’il compte dans leur rang, ni plus ni moins, que le « ministre de l’intérieur » du rugby français.
Nous avons rencontré « Bourga » hier. Interview.
L’interview : « un rêve de gosse »
Pour vous, le milieu amateur compte toujours ?
On est tous passés par là, par les petits clubs. On se met à la place de ces enfants. Cela fait plaisir de partager cette expérience. Je repense à Gimont, mon club formateur, c’est la force du rugby amateur, des enfants, des parents. J’avais les yeux ébahis. Ce sont de bonnes sensations, beaucoup de choses me passent par la tête aujourd’hui.
Que pensez-vous de cette initiative ?
C’est une bonne idée. Il faut saluer ceux qui ont eu le courage de se lancer là-dedans, ce n’est pas simple. Jouer contre d’autres pays, d’autres cultures, c’est une chance. C’est assez exceptionnel.
Vous auriez aimé jouer ces matchs, dans le cadre d’un tel événement ?
J’ai eu la chance de jouer contre les All Blacks dès l’âge de 20 ans. C’est une équipe qui pratique un très beau rugby, même chez les amateurs. Il faut le voir ! Tout le monde n’a pas la chance d’évoluer chez les pros. Jouer contre ces nations-là en amateur, c’est quelque chose de fort, une véritable opportunité.
En tant que joueur du XV de France, vous avez également envie de servir le rugby amateur ?
Ce sont nos premiers supporters. On veut les remercier, on peut le faire aujourd’hui.
Quel accueil avez-vous reçu à Aix ?
A chaque fois que l’on rentre d’un entraînement, il y a du monde, quand on arrive à l’hôtel, il y a du monde, lorsque l’on se promène, il y a du monde. Lorsque les gens nous croisent, ils sont heureux. On a besoin de cet engouement.
Surtout que vous avez vécu des moments pas forcément évidents, avec les blessures de vos joueurs cadres…
L’apport du public est nécessaire. On le voit sur le championnat, quand on joue à domicile. C’est une chance de vivre cette Coupe du monde en France et d’avoir ces supporters tous les jours avec nous. Le groupe va bien, on aura le retour d’Antoine (Dupont) très bientôt, il va tout faire pour revenir le plus vite possible.
Le match contre l’Italie se profile. Comment l’appréhendez-vous ?
Ce n’est pas l’Italie d’il y a dix ans. Elle a de bonnes aptitudes. Ce sera un huitième de finale. Si on perd, c’est fini pour nous. Mais on ne se met pas de pression particulière. On fera notre job pour continuer l’aventure tous ensemble.
C’est votre premier mondial. Comment le vivez vous ?
C’est un rêve de gosse. Ce sont des matchs que l’on voyait à la télé. En faire une, c’est bien, mais en France en plus, c’est magique !
Lorsque vous étiez à Gimont, est-ce que vous vous imaginiez, un jour, disputer une telle compétition ?
J’étais avec les copains, je prenais du plaisir, c’était un rugby totalement différent. Maintenant, j’ai à cœur de revenir chez moi avec le trophée.