14 juillet 1979. Auckland, Eden Park. 90e minute et des poussières trop longues. La vague noire néo-zélandaise déferle pour la dernière fois à l’horloge.
Le centre All Black Robertson tape un coup de pied à suivre, le ballon rentre dans l’en-but français, Frédéric Costes, l’ailier de Montferrand à l’époque, revient du diable vauvert, intercepte et dégage en touche. Fin du match. 24-19. Roger Couderc s’étrangle à la télé. « Les Français viennent de prendre la Bastille« . L’heure de gloire de ces sans-grades finalement culottés. C’est la première fois que la France fait péter un feu d’artifice tricolore au pays du long nuage blanc. Elle a gagné plusieurs fois depuis sur cette terre nourricière du rugby mais ces victoires-là n’effacent pas, comme souvent, le parfum des premières qui dessinent les légendes.
Un mythe s’y est forgé aussi. Il s’appelle Jean-Pierre Rives et il est capitaine fantasque d’une équipe de fantassins dans les rangs desquels apparaissent aussi les Codorniou, Averous, Gallion, Dintrans. Capitaine, il était taillé pour l’être et le sera à 34 reprises sur ses 59 sélections, le record de l’époque. « Si vous ne savez pas où aller, suivez-moi » avait-il dit à son armée des ombres étrillée une semaine avant et retrouvée à l’Eden Park. La plus simple des consignes puisque c’était si simple de suivre Rives : on ne voyait que lui. Collé au ballon, la crinière blonde en bataille et souvent la tête ouverte. Ce jour-là, le 14 juillet 79, les All Blacks ont perdu la leur. Pour la première fois.