Dans le sillage de ses grands frères, qui disputent leur premier mondial, les amateurs de Cobs & Gobs ont validé leur billet pour le dernier carré de la coupe du monde amateur devant les Etats-Unis.
Un parfum de déjà vu. Ou de revanche, c’est selon. Le destin des Américains et des Chiliens s’était croisé une première fois en juillet dernier, lors du barrage pour la coupe du monde des « grands ». Dans le Colorado, les joueurs d’Amérique du sud avaient claqué la porte au nez des Eagles pour s’envoler vers la France et leur premier mondial.
Deux mois après, Américains et Chiliens se retrouvaient à Manosque, lors d’un quart de finale de la coupe du monde amateur. Et encore une fois, le sort du match a souri aux Sud Américains. Les Californiens des Rhinos avaient marqué les esprits à Arles, samedi dernier, avec leur jeu vif et rapide, boosté par leur arrière Jeff Mutuku. Mais gênés par la longueur du jeu au pied chilien, les Américains étaient sevrés de ballons et ne pouvaient pas déployer leurs ailes.
Dans ces conditions, les Sud Américains évoluaient dans un fauteuil et ne tardaient pas à trouver la faille sur un essai de Martin Dumay en bout de ligne, après une pénaltouche et plusieurs points de fixation (7-0). La fébrilité américaine se confirmait par leur incapacité à sortir proprement de leur camp. Salas en profitait pour meubler le score (10-0, 9) puis le très remuant Dumay signait un doublé après avoir crucifié deux défenseurs sur son aile droite (17-0). Le sort de ce quart de finale semblait scellé, surtout au regard de l’impuissance des Américains.
La révolte venait du centre Liebenberg, qui créait les premières brèches dans la défense chilienne après la pause. Puis c’était au tour des avants de faire des dégâts dans les rangs de Cobs & Gobs, à l’image de Jawan et Lama, qui permettaient aux Californiens d’avancer… Enfin, mais trop peu, car le score tardait à évoluer, notamment en raison de Chiliens très agressifs et attentifs.
Un exploit personnel du demi d’ouverture Odendal, qui filait entre les perches après deux feintes de passe pour embarquer deux défenseurs chiliens, offrait un soupçon d’espoir aux joueurs US (17-5, 29). L’exploit prenait un peu plus forme après une nouvelle inspiration du maître à jouer californien, qui créait un intervalle dans lequel s’engouffrait Ramton (17-12, 38).
« Born in USA » résonnait dans le stade de la Rochette. Pas de quoi perturber des Chiliens, qui opposaient une défense féroce, quoique parfois un brin désordonnée. Un dernier en avant et le rêve américain était passé. Celui des Chiliens continue. Et il pourrait aller très loin.
Réactions
Que représente cette qualification pour le Chili ?
Cristian Saïd, entraîneur du Chili. C’est l’événement le plus important de l’histoire de notre club. Nous disputons un tournoi loin de chez nous pour la première fois. D’être en quart de finale, c’était déjà énorme. Se qualifier pour les demi-finales, c’est un rêve.
Votre équipe donne le sentiment d’avoir un supplément d’âme…
Certains de nos joueurs pratiquent le rugby depuis tout petit. Ils ont beaucoup de technique, ils savent s’adapter à toutes les situations. Mais quand la technique ne suffit plus, on a une énergie qui vient des tripes, on retrouve nos vertus sur le combat. Quand on tient le ballon, quand on joue, on sait faire preuve de maîtrise. On l’a vu lors de la première mi-temps. Mais en deuxième, on a perdu la possession car les Américains ont joué à la main. On a été plus en difficulté.
L’équipe nationale dispute sa première coupe du monde, vous êtes dans le dernier carré du mondial amateur. Le rugby chilien est-il en train de prendre une autre dimension ?
C’est l’aboutissement d’un travail qui a débuté au début des années 2000. On a subi des échecs, mais aujourd’hui, on atteint un niveau qui nous permet de dépasser d’autres nations. On a grimpé la première marche de notre belle histoire, qu’il faudra confirmer pour disputer d’autres coupes du monde. La relève est là.