Le demi de mêlée américain, qui dispute le Mondial amateur avec l’académie des Rhinos, a foulé le sol alpin pour la première fois de sa vie fin septembre, lui dont la famille est originaire d’un petit village dans le Verdon… qui porte son nom !
(26 septembre 2023). Il étanche sa soif de découverte. Celle d’une culture qui est pourtant un peu la sienne. Mais Mathis Demandolx, demi de mêlée des Rhinos, l’académie américaine qui participe à la Coupe du monde amateur, n’a jamais vécu dans l’Hexagone malgré ses origines.
Nés de parents français, il a passé toute sa vie de l’autre côté de l’Atlantique. Alors depuis le 21 septembre, la date à laquelle son équipe a débarqué en France (le jour de ses 20 ans également), il s’en imprègne.
Aux Corrales de Gimeaux, près d’Arles, il s’apprête à déguster une daube de taureau, une spécialité locale. « J’ai discuté avec le cuisinier, qui m’a expliqué que c’est une viande marinée au vin, glisse-t-il avec un sourire gourmand. Je suis curieux ». Son assiette reviendra vide, et propre. Il fait honneur à la culture de ses ancêtres, venus d’un village de moins de 130 âmes. Demandolx, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Comme son patronyme.
Sa famille a donné son nom à ce petit coin de terre dans le Verdon. « Je ne le savais pas, ça me donne envie de bien faire », avouait-il quelques heures avant de disputer les phases finales dans les Alpes.
Pèlerinage aux sources
La France, il la connaît très peu. « Mais ma mère me dit souvent combien c’est beau », confie-t-il. Ses parents lui racontent parfois, au détour d’une conversation, son pays d’origine avec ses paysages, sa gastronomie, sa population, son esprit. Ils piochent des anecdotes de leur jeunesse, eux qui ont quitté l’hexagone au début des années 2000 pour l’eldorado américain (son père, Denis, travaille pour Facebook).
Mais la Californie et ses buildings, ce n’est pas les Alpes et ses grands espaces. Mathis était impatient, curieux même. « Je vais jouer à côté de là où ils ont grandi, c’est dingue. J’espère que l’on va pouvoir passer dans mon village. Ce serait génial pour moi ».
Sa mère Sophie a fait le déplacement, accompagné de quelques amis, tout comme sa sœur, Oriane, descendue de Paris où elle poursuit ses études.
Ce périple se vit en famille, comme un pèlerinage aux sources, sur les terres de leurs ancêtres, même si cet aspect là de cette tournée est encore très abstrait pour Mathis. « L’émotion viendra peut être après, admettait-il. Pour l’instant, je suis focalisé sur le tournoi ». Une compétition qui permet aux jeunes Américains de s’aguerrir et de se mesurer à d’autres rugby.
L’académie, Mathis l’a intégrée voilà trois ans, lui qui a découvert ce sport à l’âge de 11 ans. « Je voulais faire du foot américain mais ma mère trouvait que c’était trop dangereux. Un jour, un copain m’a proposé d’essayer le rugby. Et j’ai adoré ! Dans ce sport, tout le monde peut jouer, toucher le ballon. Ce n’est pas le cas du football américain. Le rugby est un vrai jeu d’équipe ». Mais un sport encore très marginal outre-Atlantique.
Peu importe, Mathis vit sa passion sans limite. Et lorsque la pandémie s’abat sur le monde entier, il se trouve dépourvu. « Tous les clubs locaux se sont arrêtés et ne reprenaient pas, explique-t-il. Je ne pouvais pas rester sans rien faire ».
Il postule alors pour rejoindre l’académie des Rhinos, située à une heure de route au sud de Los Angeles. Un centre de performances dont le programme est établi en collaboration avec l’équipe nationale américaine, les Eagles.
Là-bas, il découvre un autre monde. « C’est très strict, très pro, précise Mathis Demandolx. L’alcool et le tabac sont interdits, on fait attention à la nutrition. On s’entraîne et on mange comme des pros. On nous fixe des objectifs à tenir tous les mois ». Dont celui de répondre aux attentes de ses entraîneurs pour faire partie du groupe retenu pour disputer le Mondial amateur.
Coupe du monde et Stade Toulousain…
« On m’a dit qu’il fallait que je travaille dur pour jouer ici, avec les Rhinos, en France. C’était un défi et j’ai bossé trois mois pour faire mes preuves. Rien n’était acquis ».
Et le voilà dans le sud de la France pour affronter des Australiens, des Gallois et des Géorgiens. Une première pour lui. « On a déjà effectué des tournées au Portugal et à Dubaï, mais jamais en France et jamais à XV, précise-t-il. C’est important pour nous, pour gagner de l’expérience. Moi, j’aime voir autre chose aussi. Les Américains sont très repliés sur eux-mêmes. Ailleurs, les gens sont très accueillants ».
Il se dit d’ailleurs supporter de la France et cite volontiers Antoine Dupont comme modèle, lui qui a toujours voulu évoluer derrière la mêlée « car j’aime toucher le ballon ».
Il poursuit forcément des objectifs ambitieux, comme celui de devenir professionnel et de disputer un autre mondial, celui des « grands », avec le maillot américain.
Et pourquoi pas découvrir le Top 14 ? « Avec le Stade toulousain ».
Of course..