Spécial Aix / Acte 2, l’AUC à contre-pied

A l’Aix Université Club (AUC), le rugby est une histoire de contre-pieds, heureux souvent, douloureux parfois. Et au rugby, les deux comptent, ils forgent les hommes et les destins. 

Créée en 1953, la section ovale du plus grand club omnisports de la ville (fondée, lui, en 1937), a connu les heures de gloire des années 60, celles du rugby roi des frères Boniface à la télé que l’on reproduisait dans les cours de récré, et d’un effectif prolixe nourri par le monde étudiant et plus rare à l’époque, par les militaires basés ici, la plupart originaires du Sud-Ouest. 

Mais l’AUC a connu aussi, premier contre-pied de l’histoire, la concurrencede l’Association sportive aixoise (ASA), autre club omnisports influent de la ville, créé lui en 1941 et qui comptait une section rugby aussi, même si c’est le football qui occupait le premier rang (pour la petite histoire Henri Michel y fut licencié bien plus tard, tout comme le Brésilien star et fantasque Paolo César, grand habitué des nuits torrides du Krypton). 

« A l’été 70, il ne restait plus que deux licences au club »

Le deuxième contre-pied sera plus fulgurant. Plus compliqué. Comme le raconte Jean-Luc Chovelon dans son livre « Les 50 ans de Provence rugby » édité par la société Toutécrit : « L’été 70, l’AUC a été à deux doigts de disparaître. Au retour des vacances, Jean Martinez, professeur de gymnastique au Lycée Mignet, sans aucun doute, celui qui a fait aimer le rugby à toute une génération de joueurs, a appris que l’AUC était exsangue ». 

Georges Martinez, son fils, se souvient : « Il ne restait que deux licences à l’AUC, celle de mon père et la mienne. Il est probable qu’à l’époque, plusieurs dirigeants en aient eu assez d’être assimilés à des universitaires, parce qu’ils voulaient un club dédié au rugby. En plus, question argent, comme tout club omnisports, les finances passaient par l’AUC général. Très vite, mon père a réussi à monter une nouvelle équipe, grâce à l’école militaire essentiellement ». 

Et l’AUC a rebondi. Un peu de travers au début comme le veulent les rebonds capricieux du ballon ovale, mieux ensuite grâce à son identité universitaire, des passerelles avec Provence rugby, son statut de club formateur, et les valeurs humaines intrinsèques qu’il porte.  L’AUC a remporté son premier titre en 1999, champion de 4^ème série, avant deux titres de champion de Provence Honneur en 2010 et 2013. 

Aujourd’hui encore, comme ces dix dernières années, l’AUC évolue en Fédérale 3, compte plus de 250 licenciés, une école de rugby étoffé, toutes les équipes de jeunes, une équipe féminine en Fédérale 2 et des équipes loisirs. 

L’équipe 1 est classée dans les 300 meilleures équipes françaises sur les 1800 clubs que recense la fédération. Ce qui rendait fier Jacky Lecuivre, grande personnalité du rugby aixois tragiquement disparu le 22 janvier 2023. Pas un contre-pied cette fois, une perte dramatique. Vice-président du PARC, artisan de l’évolution et de la structuration du club dès les années 90 aux côtés de Lucien Simon, il fut président de l’AUC, à partir de 2015. Et y insuffla sa passion, sa vision de chef d’entreprise inspiré à la tête de sa société Coppernic, sa présence forte, engagée et rassurante.  

Premier match à Aix le 24 septembre

Ancien joueur, le jeune et dynamique Joffrey Gérard a repris le flambeau à la présidence pour écrire, avec son équipe, un nouveau chapitre. L’AUC, dans son historique maillot jaune et noir, débute sa saison à domicile le 24 septembre, après un déplacement à l’US Mourillon la semaine précédente. Ce sera à 15h non pas au Val de l’Arc, leur site d’entrainement, mais au Stade Maurice David. Et il y a fort à parier que les Aixois prennent Cavaillon ce jour-là à contrepied…