Exclusif / Un Aixois au cœur de la mêlée All Black !

« A la première mêlée, j’ai cru que j’avais pris un bus dans la tête » 18 septembre 2007. 10 heures. Stade Carcassonne. Dans la longue file des Aixois qui se pressent devant la tribune, un type trapu en tenue de rugby fait les cent pas. Lui aussi attend les mythiques All Blacks qui ont programmé un […]
marconato blacks

Oct 4, 2023

« A la première mêlée, j’ai cru que j’avais pris
un bus dans la tête »

Frédéric Marconato

Frédéric Marconato rugby

18 septembre 2007. 10 heures. Stade Carcassonne. Dans la longue file des Aixois qui se pressent devant la tribune, un type trapu en tenue de rugby fait les cent pas. Lui aussi attend les mythiques All Blacks qui ont programmé un entrainement public ce jour-là. Ils se sont installés quinze jours à l’hôtel du Pigonnet pour disputer ce Mondial 2007 organisée pour partie en France. Le « type », c’est Frédéric Marconato, 26 ans à l’époque, un pilier prometteur, formé à Revel, champion de France toutes catégories chez les jeunes avec le Stade Toulousain, passé par Castres et Montauban, et nouvelle recrue du PARC. 

«J’étais arrivé à Aix quinze jours avant. Le 17 au soir, mon président, Lucien Simon, m’appelle et me dit texto « demain, il y a un entrainement des néo-zed, Carl Haymans s’est blessé au mollet, il leur manque un pilier, rendez-vous au stade demain matin. Autant te dire que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là, j’avais peur de ne pas être au niveau et d’être ridicule. D’autant qu’il y avait un monde fou dans les gradins. Finalement, ça s’est fait très vite, ils sont arrivés très cool, ils m’ont donné un maillot et une paire de chaussettes et j’ai tout de suite été dans le bain ». Pour le moins. 

Première séquence d’entrainement : un tête-à-tête avec Greg Somerville, le pilier de Canterbury, surnommé « Yoda », rapport au maître de la Force Jedi… Une « star » du poste. « Pousser sur lui ça allait mais on était équipé d’un harnais et de sangles tirés par deux entraineurs derrière nous pour accentuer le travail de résistance. Je n’avais jamais travaillé comme ça ». Second atelier au menu : la synchronisation de la poussée collective sur un joug équipé d’une citerne de 1000 litres d’eau (1 tonne). « A la première entrée en mêlée, j’ai cru que j’allais littéralement me fondre dans le joug vu l’explosivité démesurée de la poussée ! Mais au final j’ai plus appris là en dix minutes, que dans toute ma carrière. Ils avaient un type, Mike Cron, un expert en biomécanique. Il fallait avancer le pied droit dans le même millième de seconde à huit bonhommes, pour prendre l’ascendant. Tout était filmé. La mêlée faite, on allait voir la vidéo, l’entraineur corrigeait et on recommencait. C’était incroyable, j’avais basculé dans la quatrième dimension du rugby ». 

Le dernier atelier de cette plongée au cœur de la méthode secrète des Blacks débutera pour Fred… le nez dans le gazon. Avec son mètre 81 et ses 110 kilos, il a pour vis-à-vis Neemia Tialata, 1 mètre 87 et 127 bombes. Un bus. « La première mêlée, je suis tombé, l’impact était trop fort. Après, ça a été. J’avais Ali Williams derrière moi et le regretté Jerry Collins sur le flanc. Ça aide ».  

Au final, Fred aura fait le job. « Richie Mac Caw, le capitaine, m’a pris par l’épaule et m’a intégré au cercle de l’équipe pour le débrief de la séance. Il m’a remercié et tous les joueurs m’ont applaudi. Dans le vestiaire, j’étais assis à côté de Dan Carter et en face d’Ali Williams. Il me dit dans un sourire « ce soir, tu vas pouvoir raconter aux filles que tu as joué avec les All Blacks ». Ce soir-là, Fred ne l’a pas fait. Il a appelé sa mère en premier, ses potes ensuite. Cette histoire, il la raconte peu mais chaque fois qu’il regarde les Blacks à la télé, l’ancien pilard, cadre aujourd’hui dans l’aéronautique chez Safran à Toulouse, ressent le parfum « d’un moment qui t’habite une vie entière», et l’odeur du pré de Carcassonne une matinée d’automne. Un peu aussi, plus diffuse, celle du pilier Taliata.

En 2007, les All Blacks avaient participé à un entraînement public au stade carcassonne à Aix-en-Provence. Le regretté et musculeux Jerry Collins avait multiplié les autographes, Ali Williams, le géant, était allé à la rencontre des petits, et Dan Carter, icône aujourd’hui encore et sans doute pour toujours du rugby mondial, avait multiplié, lui, les interviews.  (Photos Studio Henry Ely, Aix)

Fred accompagné à gauche par le pilier Tony Woodcock, à gauche avec les célèbres deards le troisième ligne Rodney So’ialo et au centre le talonneur Keven Mealamu.

Photo Studio Ely Aix


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