Un exploit retentissant. Samedi dernier, les Bleues se sont offert le scalp des Néo-zélandaises, les championnes du monde en titre, pour leur entrée en lice dans une nouvelle compétition, le WXV. Membre du staff du XV de France féminin, l’Arlésien Nouredine Abdelhaoued dévoile les coulisses de cette aventure hors du commun.
LE FACE A FACE AVEC LES BLACK FERNS
Pas le temps de savourer. Quelques heures à peine après une performance historique contre les Black Ferns (victoire 18-17, la première de l’histoire sur le sol néo-zélandais, à Wellington), voilà les Bleues de France déjà dans l’avion, direction Dunedin. Cette ville de près de 120 000 habitants, située sur la côte est de l’île du sud, sera le théâtre de la deuxième étape de leur périple en Nouvelle-Zélande à l’occasion du WXV, la compétition qui remplace la tournée d’automne.
«On a terminé tard, vers 23 heures, confie Nouredine Abdelhaoued, l’Arlésien intendant du XV de France. Il a fallu gérer la logistique, charger les camions et grimper dans l’avion tôt le lendemain ». Et pourtant, les joueuses du XV de France ont signé un sacré exploit samedi matin, à 10 h heure française. Elles sont venues à bout des championnes du monde néo-zélandaises, qui les avait battues par le plus petit des écarts un an plus tôt, en demi-finale de la coupe du monde.
Le bonheur de Léa, première sélection
Ce groupe très jeune (quatre joueuses ont moins de 20 ans) mesurait tout de même l’ampleur de l’exploit. « Elles étaient très heureuses, très épanouies. Vous imaginez ? Léa Champon a vécu sa première sélection ici, en Nouvelle-Zélande ! Et elle bat les championnes du monde, c’est fabuleux ! Elle ne peut pas rêver mieux. Tu te sens invincible, on change de statut ». Les Françaises étaient déjà respectées, les voilà redoutées dans ce tournoi qui doit participer à la promotion du rugby féminin.
Les joueuses et leur staff ont posé le pied sur le sol néo-zélandais le 8 octobre à Wellington, où elles ont découvert la ville et les installations des Wellington Lions, là où elles se sont entraînées jusqu’à samedi. Elles ont assisté à un match du championnat néo-zélandais et elles ont également partagé un entraînement avec les Galloises, qui évoluent dans le groupe 1, quelques jours avant de défier les Blacks ferns.
« On se trouve dans le même hôtel maintenant, un véritable palace, avec les Néo-zélandaises aussi. On se connaît bien. Manae Feleu, qui a longtemps vécu en Nouvelle-Zélande, a même retrouvé une amie qu’elle a connu à l’école, à l’âge de dix ans. On a aussi pris l’avion ensemble, jusqu’à Dunedin. Mais sur place, les salles de réunion et de repas sont quand même séparées ». La proximité a ses limites.
Cette compétition permet de tisser des liens et de renouer le contact sur un tournoi qui réunit les meilleures équipes du monde. Malgré la concurrence du mondial masculin, cette compétition est très suivie de l’autre côté du globe. « Les Néo-zélandaises, ce sont des vedettes ! On l’a vu à l’aéroport de Dunedin. Les gens se précipitaient vers elles. On sent que c’est le pays du rugby, que c’est une religion ici ».
Mais les Bleues ne sont pas en reste. Nouredine a vécu une scène étonnante lors de leur retour à l’hôtel. « Même si on a battu les Blacks, les gens baissaient la vitre et criaient « allez les Bleues ». C’était fou ». Un autre pays, une autre culture. Une histoire dont les joueuses et le staff du XV de France se sont imprégnées en visitant le musée de Te Papa Tongawera (qui pourrait se traduire par « les secrets des trésors de cette terre »), à Wellington, le musée national de la Nouvelle-Zélande. « On avait un guide français, on avait besoin de s’ouvrir, de connaître leur passé ». Un moment de partage qui s’est poursuivi le long de l’océan pacifique lundi, pour un groupe qui apprend à se découvrir, qui se construit loin de ses terres.
L’Australie ce samedi
«On a beaucoup de jeunes, elles sont bien accueillies. Rendez-vous compte, Suliana Sivi a fêté ses 18 ans ici. Ce groupe est en train d’écrire son histoire ». Il lui reste l’Australie (samedi 28 octobre) et le Canada (samedi 4 novembre) pour définitivement marquer les esprits dans ce premier WXV. Deux équipes à la portée des Françaises.
« Les Australiennes sont solides mais elles ne tiendront pas la cadence, comme les Blacks. Si on veut être championnes, il faut taper tout le monde ! J’ai raté quatre grands chelems, j’en ai marre, c’est pour nous maintenant ». A un tour de cadran de la France, les Françaises se forgent un destin.